IJAM Volume 22 Number 3 (PDF)
Produit: Revue
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MOT DU RÉDACTEUR EN CHEF
La période actuelle de pandémie n’a pas diminué l’appétit des chercheurs à faire connaître les résultats de leurs recherches. C’est pourquoi, même s’il vous parvient avec un peu de retard, ce numéro vous offre une abondance de points de vue uniques en gestion des arts et de la culture.
Le premier article d’Antonio C. Cuyler, Victoria Durrer et Melissa Nisbett révèle que 86 % des étudiants sont soit très satisfaits, soit satisfaits de leur diplôme en gestion des arts. Cependant, les éducateurs ne devraient pas célébrer pour autant. En matière de profils démographiques, l’étude montre que les diplômés en gestion des arts s’identifient principalement comme des femmes millénaires blanches, hétérosexuelles et non-handicapées. Les répondants eux-mêmes désirent recevoir davantage de contenus sur la diversité, l’équité, l’inclusion et les relations interculturelles. Les éducateurs devraient s’assurer d’un recrutement plus diversifié, car le manque de diversité chez les diplômés diminuera la capacité du domaine de la gestion des arts à servir de manière efficace les populations les plus culturellement vulnérables de nos sociétés.
Serge Poisson-de Haro et François Normandin signent le second article qui examine trois périodes de transition vécues par les organismes culturels. Les résultats montrent que les organismes qui passent de la naissance à la croissance ont tendance à travailler sur le renforcement de leur proposition de valeur pour leur clientèle; lors de la transition de la croissance à la maturité, ils travaillent à formaliser et à professionnaliser leurs activités et pratiques, alors qu’en passant de la maturité à la relance, ils redéfinissent la valeur de leur proposition, leurs relations clients et leurs activités clés.
Le troisième article est tout à fait d’actualité, car il se penche sur comment la technologie numérique modifie la façon dont l’art contemporain est vendu et consommé. Chiara Piancatelli, Marta Massi et Paul Harrison examinent la réaction des artistes et des galeries d’art à la numérisation à travers le cas de Artvisor. Les résultats montrent que, si la technologie numérique réifie l’art et le rend accessible, les gestionnaires et les galeries souhaitent conserver l’idée que l’art est « exclusif » et « élitiste », et qu’il doit être « géré » par des experts dans le domaine. Les clients pour leur part apprécient l’expertise offerte par la plateforme numérique et souhaitent s’engager dans des pratiques de cocréation.
Dans l’article suivant, Stefania Masè, Elena Cedrola, Cristina Davino et Geneviève Cohen-Cheminet examinent l’engagement des entreprises envers les arts visuels en tant que stratégie qui permet aux marques de luxe de renforcer leur valeur aux yeux des consommateurs. L’étude porte plus spécifiquement sur une stratégie mise en œuvre par Louis Vuitton, première marque de luxe au monde. Les résultats démontrent qu’une collaboration active entre cette marque et le milieu des arts visuels a un effet positif, puisqu’elle permet d’éviter toute diminution de la perception de la qualité ou de la notoriété de la marque. La fidélité à la marque est plutôt stimulée par une explication détaillée de la collaboration avec le milieu des arts visuels.
Le cinquième article, signé par Joshua Fogel et Kara Criscione, porte sur le rôle que jouent la démographie et les variables liées aux rôles genrés féminins dans la publicité traditionnelle des nouveaux films, celle sur Internet et celle dans les médias sociaux. Leur enquête a révélé que la réussite du test de Bechdel et la présence d’une femme dans un rôle principal sont des éléments associés positivement à la publicité influençant les consommateurs sur Internet et dans les médias sociaux. Toutefois, la race a été un modérateur de l’influence négative pour la publicité influençant les consommateurs sur Internet et dans les médias sociaux, mais aucune variable n’était associée à la publicité traditionnelle influençant les consommateurs.
Dans l’article qui suit, Fatma Abdellah Kilani, Intissar Abbes et Meriem Aouadi étudient les préférences des consommateurs dans un contexte où la distribution de produits contrefaits menace l’artisanat traditionnel. Les résultats indiquent que l’étiquette est le plus important des trois attributs des produits, tandis que le prix est le moins pertinent. Les novices et les consommateurs peu impliqués perçoivent le prix comme un critère plus pertinent, tandis que les experts et les consommateurs fortement impliqués accordent une plus grande importance à l’étiquette et à la région d’origine, deux indicateurs clairs de l’authenticité du produit.
Le septième article rédigé par Jennifer Murphy et Annmarie Ryan explore le discours liminal dans les récits d’individus impliqués dans des collaborations entre entreprises et organismes culturels lors d’événements associés à une Ville nationale de la culture en Irlande. Cette étude de cas propose une analyse critique du discours pour comprendre comment les chefs d’entreprise utilisent le langage pour créer et mettre en œuvre des identités et comment ces identités peuvent être façonnées par la conversation et permettre de nouvelles manières de comprendre et de mettre en œuvre des relations arts-affaires. La fragilité inhérente, qui se révèle dans ces positions, laisse entrevoir la complexité du processus d’organisation des commandites dans ce contexte.
Le dernier article écrit par Claire Roederer, Robert Revat et Jessie Pallud porte sur un profil du Muséomix, un dispositif du musée archéologique de Lyon-Fourvière. Les résultats montrent que les dispositifs de médiation affectent l’expérience des visiteurs de plusieurs manières. Certaines technologies (la réalité virtuelle et le contenu multimédia, par exemple) rendent la visite plus enrichissante. Les avantages des autres technologies semblent plus discutables dans la mesure où elles convertissent simplement le texte en scénario d’exposition ou réduisent l’authenticité des expositions au musée. Je vous souhaite de belles lectures cet été.
André Courchesne
Rédacteur en chef